1945 - 1958

Ré-insertion en France / Ré-humanisation / Reconnaissance

Le 16 mai 1945, Pierre Johnson est libéré du camp de concentration de Dachau dans le premier convoi de 400 de typhiques qui arrive à Strasbourg dans la journée, muni de son dossier personnel. Commence alors une longue et douloureuse période de retour à la vie civilisée pour un homme malade qui vient de vivre des années de déshumanisation.

Rappel du contexte historique du retour à la Paix.

Capitulation 7 et 8 MAI 1945

L'ensemble des camps de concentration et d'extermination nazis sont progressivement libérés par les troupes Alliées de l'automne 1944 au printemps 1945.
Ci-dessous la liste des lieux libérés par ordre de passage de Pierre Johnson alias Colonel Jouffroy, alias matricule XXXXX , privé de liberté durant 860 jous :

    1. le camp de prisonniers de guerre de Neubrandenburg est libéré par l'armée soviétique fin avril 1945, matricule 59974,
    2. la prison de la Gestapo à Reims est bombardée par l’armée de l’air américaine le 30 mai 1944, colonel Jouffroy,
    3. le camp de transit de Compiègne est libéré par l'armée américaine le 1er septembre 1944, matricule 31548,
    4. le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau est libéré par l'armée soviétique le 27 janvier 1945, matricule 185785,
    5. le camp de concentration de Buchenwald est libéré par l'armée américaine le 13 avril 1945, matricule 54574,
    6. le camp de concentration de Flossenbürg est libéré par l'armée américaine le 23 avril 1945, matricule 9823,
    7. le kommando d'Hersbrück/Happurg est libéré par l'armée américaine le 20 avril 1945, matricule 9823,
    8. le camp de concentration de Dachau est libéré par l'armée américaine le 29 avril 1945, matricule 151783.

Par ailleurs Paris est libéré depuis le 25 août 1944, Berlin est envahie par l'armée soviétique le 30 avril 1945 et Hitler se suicide le jour même. L'Allemagne n'a plus d'autre issue de sortie de cette Seconde Guerre Mondiale que de cesser le feu et capituler.

Deux dates historiques le 7 mai 1945 en France et le 8 mai 1945 en Allemagne pour mettre fin à la guerre :

1 - FRANCE : à Reims, au quartier général des forces alliées (SHAEF - Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force), après le suicide d'Hitler, des pourparlers sont entamés début mai 1945 entre les forces alliées et les Allemands pour cesser les combats. Un premier acte de capitulation est signé le 7 mai 1945 par le général Alfred Jodl (1890-1946), au nom du Haut Commandement allemand, accusé de crime contre l'humanité il sera exécuté par pendaison à la suite du procès de Nuremberg. L'acte est contresigné par le général américain Walter Bedell-Smith (1895-1961), au nom du Commandant suprême des Forces expéditionnaires alliées, par le général Ivan Sousloparov (1897-1974), au nom du Haut Commandement soviétique et par le général français François Sevez (1891-1948) comme simple témoin.
L'acte de capitulation militaire "Act of military surrender" est traduit en plusieurs langues : allemand, anglais, russe. Seule la version anglaise sera le texte officiel. Voir texte original et traduction française.


Signature de la reddition le 7 mai 1945 à Reims, photo domaine public
de droite à gauche de dos, les officiers allemands :
Major Wilhelm Oxenius, General Alfred Jodl, General Admiral Hans-Georg von Friedeburg,
de face les Etats-Majors alliés, deuxième assis en partant de la gauche le général français François Sevez

2 - ALLEMAGNE : le lendemain, à Karlshorst, commune de la banlieue berlinoise, un second acte de capitulation est signé au nom du Haut Commandement allemand : par le général Wilhelm Keitel (1882-1946), accusé de crime contre l'humanité il sera exécuté par pendaison à la suite du procès de Nuremberg, par l'amiral Hans-Georg von Friedeburg (1885-1945), il se suicide le 23 mai 1945, et par le général Hans-Jürgen Stumpff (1889-1968).
L'acte est contresigné par l'officier marshal de la R. A. F. (Royal Air Force) Arthur Tedder (1890-1967) au nom du commandant en chef de la Force expéditionnaire alliée, par le général Gueorgui Joukov (1896-1974) au nom du Haut Commandement suprême de l'Armée rouge.
Les signataires témoins sont le maréchal Jean de Lattre de Tassigny (1889-1952), commandant en chef de la 1re armée française et le général Carl A. Spaatz (1891-1974) commandant des Forces stratégiques aériennes des États-Unis.
L'acte de capitulation militaire est traduit en plusieurs langues : allemand, anglais, russe. Seule les versions anglaises et russes seront les textes officiels. Voir traduction française.

Wilhelm Keitel
Berlin 8 mai 1945
La collaboration du gouvernement de Vichy avec l'Allemagne nazie a pour conséquence d'écarter la France de ces événements historiques. Le Général de Gaulle va néanmoins user de son rôle de chef de l'autre France, celle des Forces Françaises Libres pour faire partie des signataires des deux actes de capitulation en tant que témoin. A Berlin le drapeau tricolore ne figure pas au pavoisement de la salle ornée du drapeau russe, américain et britannique. A la demande du général de Lattre de Tassigny un drapeau aux couleurs de la France est rapidement confectionné pour rejoindre l'ensemble du pavoisement.
Être Français au lendemain de la guerre c'est appartenir à deux France : celle des "collabos" comme dira mon père, celle des "Résistants". C'est la France Résistante, cette France représente moins de 1 % de la population, qui sera reconnue par les forces alliées pour participer à la signature de l'acte de capitulation de l'Allemagne. La France de la honte, celle qui collabore avec les nazis, celle qui donne des listes de noms d'hommes et de femmes à expédier dans les camps de déportation, entre autres méfaits, n'en a pas fini avec la guerre (voir chapitre règlements de comptes).

Hormis ces tracasseries diplomatiques, tout à fait légitimes et justifiées, la Paix est bien signée, la Wehrmacht capitule sans condition. Les accords de Yalta s'appliquent pleinement et l'Allemagne, sitôt remise à l'intérieur de ses frontières d'avant guerre, est occupée par les armées américaines, britanniques, soviétiques et françaises qui veillent à l'éradication du nazisme.

La France récupère ses territoires annexés par l'Allemagne et va commémorer sa sortie de la Seconde Guerre Mondiale le 8 mai. Pour d'obscures raisons politiques, dont j'aimerais bien connaître les motivations profondes, la date du 8 mai commémorant la fin de la seconde guerre mondiale a été plusieurs fois instaurée puis supprimée pour être enfin reconnue fête nationale et jour férié avec modification du Code du travail par la loi n° 81-893 du 2 octobre 1981, soit après 36 années de tergiversations. Ce n'est pas un jour de gloire pour la France mais c'est un jour de gloire pour les Français de l'ombre, ceux qui ont rejeté la collaboration nazie au péril de leur vie et ceux dont la vie fut douloureuse pour avoir Résisté.

Retour en France et Convalescence

La France est en paix depuis plus d'une semaine lorsque Pierre Johnson arrive enfin à Strasbourg accompagné de son dossier de rapatrié constitué à Dachau dont l'interrogatoire du 10 mai 1945. Nouveau contrôle d'identité par ses employeurs ex-BCRA et TR devenus D. G. E. R. (Direction Générale des Études et Recherches) qui le soupçonnent d'usurper le nom d'un Résistant fusillé le 30 novembre 1943 pour prendre sa place. La Gestapo n'a pas modifié la liste des 12 français condamnés à mort par le tribunal militaire Allemand de Châlons sur Marne à la suite de l'échange entre Pierre Johnson et un officier allemand détenu à Londres. Voir chapitre Reims et livre page 92 pour plus de détail.

Atteint du typhus, de la dysentrie, d'une angine entre autres, cette épreuve morale va affaiblir d'avantage Pierre Johnson qui après 860 jours de déshumanisation n'attend rien d'autre qu'un repos bien mérité et surtout l'aide du corps médical pour se soigner.

Mais la France n'en a pas fini avec la guerre, celle qui se déclenche immédiatement après la capitulation, invisible, vengeresse, qui va durer plusieurs années pour régler ses comptes intérieurs.

De retour à Paris, rue d'Artois, puis à l'hôtel Lutétia, l'Agent Secret Pierre Johnson, alias Colonel Jouffroy, est interrogé une nouvelle fois et de façon particulièrement musclée par un Officier de sa hiérarchie sous la surveillance d'un Agent de Police. Heureusement, au bout d'un certain temps de recherches, de récupération des dossiers et autres démarches il va bien évidemment être reconnu et réhabilité. Comble de reconnaissance, plutôt que d'avoir comme ses camarades un ticket de métro pour rentrer chez lui, il va être ramené à son domicile, avec les excuses des services, dans un véhicule militaire spécialement réquisitionné pour lui. Tout est bien qui finit bien sauf que Pierre Johnson est un moribond malade qu'il est urgent de soigner.

Il pèse 35 kg pour 1 m 78, rongé par les maladies contractées dans les camps nazis, il part se soigner à Arudy dans les Basses-Pyrénées. Laitages, bouillies, vitamines et antibiotiques lui sont administrés durant plus d'un an, par son épouse et sa mère, avant de revenir vivre dans son appartement parisien du quai Branly à Paris 15ème. Début 1947 il reprend ses fonctions d'Inspecteur à la Compagnie Générale Transatlantique, son bureau est situé rue Auber à Paris mais ses fonctions l'amènent à voyager à travers le monde, partout où la "Transat" possède des quais de chargement pour ses nombreux navires. C'est en partie grâce à son activité professionnelle que Pierre Johnson va réussir son retour à la vie qui ne sera plus jamais comme avant. Le passage par les camps nazis marque profondément Pierre Johnson qui va s'investir jusqu'à son dernier souffle pour aider ses camarades de galère, entretenir le devoir de mémoire pour combattre le fascisme.

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