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         Seconde 
          Guerre Mondiale 1939 - 1945  
        - AUSCHWITZ - Camp d'extermination 
          - 1944 - 
        Le 27 avril 1944, Pierre Johnson quitte le camp de transit 
          de Royallieu, pour le camp de la mort 
          d'Auschwitz-Birkenau. Après 4 jours et 3 nuits ininterrompus 
          de voyage, entassés par 200 dans des wagons à bestiaux, 
          c'est le terminus en gare d'Auschwitz le 1er mai 1944. Encore 2 km à 
          pied et Pierre Johnson franchit les portes du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. 
          
        La destin funeste du "convoi Pucheu" 
          ayant été, après tractations, commué en 
          travaux forcés, le temps pour les Allemands de s'organiser et 
          les formalités d'usage se poursuivent, en particulier, le tatouage. 
          Contrairement aux autres camps qui attribuent un matricule administratif 
          sur un "registre des entrées", ensuite transcrit sur 
          la veste ou le pantalon, à Auschwitz, le matricule est à 
          la fois porté sur le registre des entrées mais également 
          tatoué sur le bras par un détenu réquisitionné. 
          Heureusement, car ceux qui ne sont pas tatoués sont directement 
          envoyés à la chambre à gaz. Une série de 
          numéro allant de 184936 à 186590 est affectée aux 
          nouveaux arrivants, série suivant l'ordre alphabétique, 
          ce qui représente 1655 détenus arrivés vivants 
          pour 1760 partis de Royallieu, 105 
          sont morts pendant le voyage ou fusillés à l'arrivée 
          pour tentative d'évasion. Pierre Johnson est tatoué  
          185785. (Voir page 93 du 
          livre) 
          
        Extrait de l'interrogatoire 
          de Pierre Johnson le 10 mai 1945 à Dachau 
          avant son rapatriement pour la France 
        Tout d'abord c'est quoi un CAMP D'EXTERMINATION 
          ? 
        A cette époque nous trouvons trois sortes de camps 
          Allemands dans l'Europe occupée : 
        
          
            - Les camps de prisonniers de guerre, voir le chapitre Stalag 
              II - Neubrandenburg, où sont emprisonnés les militaires 
              protégés par la Convention 
              de Genève.
 
            - Les camps de concentration, voir les chapitres Buchenwald, 
              Dachau, Flossenbürg, 
              où sont concentré les déportés destinés 
              aux travaux forcés 
 
            - Les camps d'extermination où sont exterminés par 
              le gaz, les armes ou la pendaison les déportés répondant 
              à certains critères.
 
           
         
        Le principal critère d'Hitler est la sauvegarde d'une race dite 
          "supérieure", il programme d'exterminer tous les individus 
          qui ne correspondent pas à la race aryenne considérée 
          supérieure ou qui s'opposeraient aux volontés du Reich. 
          Il décide d'exterminer massivement Juifs, Tziganes, prisonniers 
          de guerre ou politiques, handicapés physiques et mentaux, homosexuels 
          entre autres par un système qui permet de tuer en un minimum 
          de temps un maximum d'indésirables.  
         
          « La race aryenne nordique est la détentrice de toute culture, 
            la vraie représentante de toute l'humanité, et c'est par application 
            divine que le peuple allemand doit maintenir sa pureté raciale. La 
            race germanique est supérieure à toutes les autres et la lutte contre 
            l'étranger, contre le Juif, contre le Slave, contre les races inférieures 
            est sainte. » Adolf Hitler, Mein Kampf 
         
        En 1939, les premières exterminations se font dans des "camions 
          à gaz" sorte de camions de déménagements dans 
          lesquels les victimes sont entassées puis tuées par le 
          gaz. Le système itinérant permet d'aller récupérer 
          les futures victimes là où elles se trouvent, essentiellement 
          dans les hôpitaux psychiatriques. L'expérience est concluante 
          mais ne permet pas d'exterminer aussi massivement qu'Hitler le voudrait. 
         
        En 1941 les nazis construisent les premiers camps d'exterminations 
          fixes. Les victimes sont transportées en wagons à bestiaux 
          jusqu'au camp d'extermination, puis, sous prétexte d'aller prendre 
          une douche collective, elles sont conduites dans un local où 
          elles sont massivement toutes gazées. Cette invention diabolique 
          comporte deux avantages : le premier est de tuer à l'échelon 
          industriel, le deuxième est de tuer dans le plus grand secret. 
          Les camions itinérant étaient mal vus de la population, 
          en particulier de la population luthérienne et calviniste très 
          répandue en Allemagne, cette tuerie industrielle ignorée 
          du monde extérieur sert parfaitement les ambitions du IIIème 
          Reich. 
        Ainsi fonctionnent pas moins de 6 camps, tous en Pologne, qui exterminent 
          par le gaz entre 3 et 5 millions d'hommes, de femmes et d'enfants essentiellement 
          Juifs de 1941 à 1945 : Auschwitz II-Birkenau, Belzec, Chelmno, 
          Maïdanek, Treblinka, Sobibor. 
        Les historiens s'accordent à dire, que jamais de tels procédés 
          d'extermination à la chaîne n'ont été mis 
          au place, même lors des plus horribles méfaits connus du 
          Haut-Moyen Âge. L'escalade de l'horreur est au paroxysme durant 
          la Seconde Guerre Mondiale, on parle alors de crime contre l'humanité. 
        Histoire du camp d'AUSCHWITZ 
        AUSCHWITZ est la traduction allemande d'OSWIECIM village situé 
          au sud de la Pologne, dont le nom apparaît au début du 
          XIIème siècle.  
        1er septembre 1939 l'Allemagne envahit la Pologne, ce qui va provoquer 
          l'entrée en guerre de la France entre autres conséquences 
          et la mobilisation de Pierre Johnson le 3 septembre 1939. Le mois suivant, 
          octobre 1939, toute la partie Ouest de la Pologne dont Auschwitz est 
          annexée à l'Allemagne, deux ans plus tard, 1941, c'est 
          toute la Pologne qui sera annexée, la Seconde Guerre Mondiale 
          est en marche et Pierre Johnson s'évade du Stalag 
          II A au mois de juillet 1941 pour entrer en Résistance 
          le 15 décembre 1941. 
        Dès 1940, le territoire d'Auschwitz devient un immense complexe 
          constitué de 3 camps principaux et plus de 50 camps annexes et 
          commandos extérieurs (Altdorf , Althammer, Babice, Bauzug, 
          Beruna, Bismarckhütte, Blechhammer, Bobrek, Budy, Brunn, Charlottengrubbe, 
          Chelmek, Chorzow, Chrzanow, Czernica, Ernforst, Ernfort-Slawecice, Eintrachthutte, 
          Freudenthal, Furstengrabe, Gleiwitz I, II, II, IV, Golleschau, Gunthergrubbe, 
          Harmeze, Hindenburg, Hubertushutte-Hohenlinde, Janigagrube-Hoffnung, 
          Jawichowitz, Kobio, Lagischa, Laurahutte, Lepziny-Lawki, Lesslau-Wloclawek, 
          Libiaz-Maly, Lukow, Monowitz, Myslowice, Neu Dachs, Neustadt, Sosnowitz 
          I et II, Trezbinia, Tscechwitz, Harmeze, Plawy, Rajsko, Rybnik, Rydultowy, 
          Siemiennowice, Wloklawek-lesslan, Zasole, Zittau). 
         
          AUSCHWITZ I - STAMMLAGER 
          MAI 1940 : ouverture du camp d'Auschwitz-Stammlager près d'Oswiecim. 
            Formé de baraquements abandonnés de l'artillerie polonaise 
            restaurés et de nouveaux baraquements construits par les prisonniers, 
            le camp s'étend sur 32 hectares avec une capacité d'accueil 
            de 20 000 déportés. Il s'agit essentiellement d'un camp 
            de concentration de prisonniers destinés aux travaux forcés 
            dans les mines et usines avoisinantes. Néanmoins une chambre 
            à gaz y est également installée.  
          AUSCHWITZ II - BIRKENAU 
          OCTOBRE 1941 : ouverture du camp d'Auschwitz-Birkenau près 
            de Brzezinka à moins de 3 km du premier camp. Il s'étend sur 
            170 hectares avec une capacité d'accueil de 100 000 déportés 
            (l'équivalent de la population de la ville de 
            Caen en France). Il s'agit à la fois d'un camp de concentration 
            de prisonniers destinés aux travaux forcés dans les 
            mines et usines avoisinantes mais également du premier camp 
            d'extermination massive avec six "chambres à gaz-crématoires". 
          AUSCHWITZ III - MONOWITZ 
          MAI 1942 : ouverture du camp d'Auschwitz-Monowitz près de Monowice, 
            distant de 7 km du premier camp. Avec une capacité d'accueil 
            de 12 000 déportés, il s'agit essentiellement d'un camp 
            de concentration de prisonniers destinés aux travaux forcés 
            à l'usine de caoutchouc synthétique de Buna.  
         
        Matricule 185785 
        Pourquoi Auschwitz est-il le seul camp où les prisonniers destinés 
          aux travaux forcés sont tatoués sur l'avant bras gauche 
          ?  
          Auschwitz est le plus grand camp de concentration nazi où travaillent 
          plus de 130 000 prisonniers dans des conditions telles que le taux de 
          mortalité atteint 90 % sur certains chantiers, en outre, nombreux 
          sont les cadavres méconnaissables. Face à cette situation 
          le commandement du camp décide, au cours de l'hiver 1941, de 
          mettre en place un système de marquage indélébile 
          des matricules sur le corps des détenus. Plusieurs formules sont 
          testées, c'est finalement le tatouage qui sera retenu. Ainsi 
          un cadavre même méconnaissable peut toujours être 
          identifié pour mettre à jour les statistiques morbides 
          des nazis. 
        A Auschwitz-Birkenau, en ce début du mois de mai 1944, Pierre 
          Johnson est donc tatoué à l'encre bleue par un déporté 
          réquisitionné. Chaque chiffre, 
          1, puis 8, puis 5, 
          puis 7, puis 8 
          et enfin 5, est inscrit à 
          la pointe d'une aiguille malhabile qui injecte l'encre sous la peau. 
          Quelques jours plus tard 185785 
          apparaît nettement, le temps que le bras, gonflé et noirci, 
          retrouve sa forme normale. 
        Ce marquage comme du bétail va traumatiser à vie mon 
          pauvre père. 
        Vers l'âge de 7 ou 8 ans je réalise à quel point 
          ce tatouage a marqué mon père, lorsque me promenant sur 
          la plage, lors de vacances d'été, je lui demande bien 
          innocemment : "Dis Poupa c'est quoi ce 
          numéro que tu as sur la bras ?", il me répond 
          sur un ton chargé de tristesse : "C'est 
          une longue histoire qui ne regarde pas les petites filles, je t'expliquerai 
          plus tard...". J'avais hâte de grandir pour arriver 
          à "plus tard". Mon père ne portait jamais 
          de chemises à manches courtes et encore moins de tee-shirt, toujours 
          en chemise dont les manches, jamais retroussées, couvraient ses 
          bras jusqu'au poignet même durant les journées caniculaires 
          d'été à Paris, même dans l'intimité 
          de la vie de famille. Et "plus tard" j'ai appris la 
          douloureuse histoire d'une tranche de vie brisée. 
        Vers la fin de sa vie on lui propose de photographier son bras pour 
          garder la mémoire de son matricule. Lorsque mon père me 
          parla de cette démarche, je compris ce qu'il avait pu ressentir. 
          Pour lui c'était une véritable violation et le devoir 
          de Mémoire ne passait surtout pas par ce genre d'outrance. Au 
          nom du "devoir de mémoire" certains considèrent 
          que la fin justifie les moyens, sans mesurer les conséquences 
          psychologiques de leurs démarches. Mon père n'a jamais 
          hésité à venir témoigner dans les collèges, 
          les lycées, les universités, les associations, mais là 
          c'était trop lui demander surtout en fin de vie. 
        
           
             
               
                Déporté politique français 
             | 
             
               Pierre Johnson reçoit également la tenue réglementaire, 
                veste rayée, pantalon et calot assortis, qu'il enfile après 
                avoir été dépouillé de tous ses effets 
                personnels, après avoir été rasé de 
                la tête aux pieds et après être passé 
                au block de désinfection.  
              Il faut savoir que les déportés restent intégralement 
                nus à attendre leur tour pendant plusieurs dizaines d'heures, 
                à l'extérieur des baraquements, jour et nuit, quelque 
                soit le temps, avant d'enfiler l'uniforme. De A à Z, la 
                survie des dernières lettres est précaire en hiver. 
                Au mois de mai, Pierre Johnson est au milieu de la liste, il est 
                le 850ème appelé une dernière fois par son 
                nom, dorénavant il s'appelle 185785. 
              Sur la veste rayée un triangle rouge est cousu pointe 
                en bas avec la lettre F au centre, signe distinctif des 
                déportés politiques français. Il portera 
                cet uniforme informe jusqu'à son rapatriement à 
                Paris au mois de mai 1945 après la libération du 
                camp de Dachau par l'armée 
                américaine. 
               J'ai conservé son calot qu'il a gardé 
                jusqu'à sa mort le 22 septembre 1996. (Voir 
                page 136 du livre)  
             | 
             
               
                Calot déporté Pierre Johnson 
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        La particularité de AUSCHWITZ-BIRKENAU 
          
           Entrée du camp vue de l'intérieur - Gallery 
          Auschwitz-Birkenau-Museum 
        BIRKENAU est la traduction allemande de BRZEZINKA village situé 
          au sud de la Pologne, dont le nom apparaît au XIVème siècle. 
         
        Début octobre 1941, dans une zone marécageuse à 
          proximité du village, les Allemands entament la construction 
          d'un nouveau camp avec des prisonniers Russes réquisitionnés. 
          Appelé Auschwitz-Birkenau il est le plus grand camp d'extermination 
          et de concentration, édifié par les nazis. Plus d'un million 
          d'hommes, de femmes et d'enfants, essentiellement juifs y sont exterminés 
          par le gaz, un stock tournant de plus de 100 000 déportés 
          livre les esclaves dans les fermes, usines, mines et autres activités 
          des 50 commandos extérieurs, la majorité meurt sur place 
          d'épuisement ou de mauvais traitements. 
          
         
        Parmi les nombreux plans téléchargeables sur internet 
          c'est celui présenté en 3D par des élèves 
          de 3ème de l'académie 
          de Lyon qui me semble le plus représentatif. On imagine l'ampleur 
          de l'horreur nazie dès l'entrée du camp bien reconnaissable 
          par l'accès direct des lignes de chemin de fer : 
        
          - à l'extérieur, sur fond rouge, le commandement du 
            camp "komandantur" et casernement des S. S.
 
          - tout au tour du camp se dressent deux rangées de barbelés 
            électrifiés et des dizaines de miradors où veillent 
            les sentinelles armées, prêtent à tirer sans sommation,
 
          - l'immense domaine comprend deux entrées dont l'une sous un 
            porche surmonté d'un mirador : 
            
              -  Jusqu'au mois de mai 1944 les déportés arrivent 
                en gare d'Auschwitz puis finissent le parcours à pied où 
                en camion pour les invalides jusqu'au camp. 
 
              - A partir de mai 1944, les trains arrivent directement sur 3 
                voies aménagées à l'intérieur du camp. 
              
 
              - A la descente du train, dès 1941 les hommes sont séparés 
                des femmes et des enfants. Les hommes et les femmes valides de 
                18 à 40 ans sont soumis à l'esclavage, tous les 
                autres sont immédiatement gazés. Je ne peux m'empêcher 
                de vous faire partager une des rares confidences de mon père 
                "... j'ai assisté à 
                l'arrivée d'un convoi de Juifs, avec, comme d'habitude, 
                la séparation des hommes et des femmes avec leurs enfants, 
                un petit garçon de 5 ou 6 ans a voulu s'échapper 
                des bras de sa mère pour rejoindre son père, il 
                a été fusillé sur place devant le regard 
                terrifié de ses parents..." 
 
             
           
          - à l'intérieur du camp, sur fond jaune, les baraquements 
            où sont logés les déportés tatoués, 
            venus de toute l'Europe, destinés aux travaux forcés. 
            Cette partie du camp est divisée en plusieurs zones séparées 
            de fils de fer barbelés électrifiés : zone des 
            femmes, zone des tziganes, zone des juifs, zone des hommes, zone de 
            quarantaine etc... A droite une extension du camp qui ne sera jamais 
            achevée mais où seront également entassés 
            des déportés destinés aux travaux forcés.
 
          - à gauche prêt de l'entrée, sur fond turquoise, 
            l'hôpital où les déportés sont soumis aux 
            expérimentations médicales des médecins nazis, 
            (dans un autre camp Pierre Johnson subira aussi ces expérimentations, 
            voir page 96 du livre)
 
          - après la zone des baraquements de déportés, 
            sur fond bleu se trouve l'infirmerie,
 
          - après l'infirmerie sur fond orange les baraques où 
            sont entreposés valises, lunettes, bijoux, chaussures, dents 
            en or, dentiers et autres objets personnels volés aux déportés 
            dès la descente du train. Une équipe de prisonniers 
            est chargée de trier les objets à expédier en 
            Allemagne pour la revente, cet endroit est appelé "canada" 
            dans le langage des camps. Après son rapatriement, à 
            la demande des autorités françaises, Pierre Johnson 
            fournira la "liste des objets 
            volés", même son alliance figure sur cette liste.
 
          - dans le prolongement du "canada", sur fond blanc, le baraquement 
            appelé "sauna central". Les déportés 
            destinés aux travaux forcés entrent dans une pièce 
            pour se déshabiller, puis dans une immense salle pour y être 
            douchés à coup de jets d'eau chaude suivis de jets d'eau 
            glacée et passent ensuite dans une salle équipée 
            de gradins pour sécher d'où le nom de "sauna central". 
            Après cette opération de nettoyage, ils sont intégralement 
            rasés de la tête aux pieds. Toutes les femmes qu'elles 
            soient destinées aux travaux forcés ou à la chambre 
            à gaz sont rasées pour leurs cheveux longs destinés 
            à une utilisation industrielle ordonnée par Glücks, 
            SS-Brigadeführer et General-Major de la Waffen-SS dans une ordonnance 
            du 6 août 1942 : "Le chef de l'Office Central SS pour 
            l'Économie et l'Administration a ordonné de récupérer les cheveux 
            humains dans tous les camps de concentration. Les cheveux humains 
            seront transformés en feutre industriel, après avoir été bobinés en 
            fils. Dépeignés et coupés, les cheveux de femmes permettent de fabriquer 
            des pantoufles pour les équipages des sous-marins, et des bas en feutre 
            pour la Reichsbahn. Il est ordonné par conséquent de conserver, après 
            les avoir désinfectés, les cheveux coupés des détenues femmes..."
 
          - à l'extrémité du camp, sur fond noir, les chambres 
            à gaz : 
            
              - fin 1941 deux fermes situées en haut à droite 
                du plan sont aménagées en chambre à gaz. 
                Chaque local peut gazer jusqu'à 900 hommes, femmes et enfants 
                simultanément, le rendement des fours crématoires 
                ne permettant pas de brûler les corps aussi rapidement que 
                les S. S. le voudraient, d'immenses fausses communes sont creusées 
                dans lesquelles les cadavres empilés sont brûlés 
                à ciel ouvert. 
 
              - printemps 1943, en haut à gauche du plan, inauguration 
                de quatre chambres à gaz, doublées de fours crématoires, 
                ultra modernes ces chambres à gaz permettent de gazer au 
                Zyklon B plus de 4000 victimes simultanément en 20 minutes. 
                Ces nouvelles chambres à gaz fonctionnent sans interruption 
                jusqu'en novembre 1944.
 
             
           
         
        12 mai 1944 
          matricule 185785, alias Pierre Johnson, 
          est transféré au camp de 
          Buschenwald 
        Janvier 1945, à l'approche des troupes soviétiques les 
          S. S. détruisent en partie les chambres à gaz, évacuent 
          les prisonniers par des marches forcées appelées "marches 
          de la mort", les prisonniers qui ne marchent assez vite sont 
          tués sur place, d'autres meurent sur la route d'épuisement 
          et de froid. 
        Le 27 janvier 1945, les troupes soviétiques entrent dans le camps d'Auschwitz-Birkenau 
          et libérèrent environ 7 000 déportés restants.  
        AUSCHWITZ-BIRKENAU témoignages 
         
        Je voudrais terminer ce chapitre par ces trois témoignages qui 
          résument en quelques mots, ce qu'il est impossible à décrire 
          si on ne l'a pas vécu, impossible à croire si on n'a pas 
          côtoyé de près ceux qui l'on vécu et vibré 
          à l'écoute de leurs témoignages intimes comme j'ai 
          pu vibrer à l'écoute des rares confidences de mon père 
          matricule 185785. 
         
           Marie-Claude Vaillant-Couturier (1912-1996), 
            résistante française déportée à 
            Auschwitz-Birkenau le 24 janvier 1943 matricule 31685 
            : 
            "...Comment parler de la déportation ? (...) 
            Tout était pire que ce que nous pouvons raconter. Les mots ne rendent 
            qu'une partie de la réalité. Ils ne rendent pas compte de la durée 
            du temps écoulé car dans les camps les plus durs on se demandait chaque 
            soir si on aurait la force de revivre le lendemain. (...) Les mots 
            peuvent-ils réellement montrer l'inconcevable ? Pourtant il nous faut 
            témoigner et témoigner encore." Extrait de la préface au 
            Grand Livre des Témoins, Fédération Nationale des Déportés et Internés 
            Résistants et Patriotes, Ramsay, 1995.  
          Simone Veil née à Nice en 1927, juive française 
            déportée à Auschwitz-Birkenau le 15 avril 1944 
            matricule 78651 : 
            "...Vaille que vaille, nous nous faisions 
            à l'effroyable ambiance qui régnait dans le camp, la pestilence des 
            corps brûlés, la fumée qui obscurcissait le ciel en permanence, la 
            boue partout, l'humidité pénétrante des marais. (...) Pour nous, les 
            filles de Birkenau, ce fut peut-être l'arrivée des Hongrois qui donna 
            la véritable mesure du cauchemar dans lequel nous étions plongées. 
            L'industrie du massacre atteignit alors des sommets: plus de quatre 
            cent mille personnes furent exterminées en moins de trois mois. (...) 
            Je voyais ces centaines de malheureux descendre du train, aussi démunis 
            et hagards que nous, quelques semaines plus tôt. La plupart étaient 
            directement envoyés à la chambre à gaz. (...) " Extrait 
            du livre autobiographie "Une vie", Stock, 2007. 
          Filip Müller (1922-2013), juif tchèque 
            déporté à Auschwitz-Birkenau le 13 avril 1942 
            matricule 29236 : 
            "...Nous étions au secret quand survinrent 
            quelques SS qui nous escortèrent par une des rues du camp. (...) M'est 
            apparu soudain un bâtiment (...) plat avec une cheminée. Sur l'arrière, 
            j'ai vu une entrée, j'ignorais où l'on nous menait. Je croyais qu'on 
            allait nous exécuter. (...) Et nous nous sommes retrouvés dans 
            un corridor.(...) Aussitôt, la puanteur, la fumée m'ont suffoqué. 
            Nous avons couru encore et alors j'ai distingué les contours des deux 
            premiers fours. Et entre les fours s'activaient quelques détenus juifs. 
            Nous nous trouvions dans la salle d'incinération du crématoire du 
            camp 1 d'Auschwitz. Et de là on nous a poussés vers une autre salle. 
            Et nous avons reçu l'ordre de dévêtir les cadavres. Je regarde autour 
            de moi, il y a des centaines de corps. Ils étaient habillés. Entre 
            les cadavres, pêle-mêle, des valises, des paquets et, disséminés 
            un peu partout, d'étranges cristaux bleu-violet. Mais tout m'était 
            incompréhensible. C'est comme un choc à la tête, comme si vous étiez 
            foudroyé. Je ne savais même pas où je me trouvais ! Et comment était-il 
            possible de tuer tant de gens à la fois ! Nous en avions déjà dévêtu 
            quelques-uns, quand l'ordre fut donné d'alimenter les fours. Soudain 
            un Unterscharführer se rua vers moi et me dit : "Sors d'ici, va remuer 
            les cadavres !" Mais que signifiait "remuer les cadavres" ? Je suis 
            entré dans la salle de crémation. Il y avait un détenu juif (...) 
            et j'ai vu comment il fourgonnait le four avec une grande tige. (...) 
            J'étais à ce moment là en état de choc, comme hypnotisé, prêt à exécuter 
            tout ce qui m'était commandé." Extrait de "Trois ans 
            dans une chambre à gaz d'Auschwitz", Pygmalion/Gérard Watelet, 
            1980. 
         
        
           
            |  
               MÉMOIRE 
               
                Après la libération Auschwitz reste abandonné 
                  pendant deux ans. 
               
               
                MÉMOIRE 
                  des TÉMOINS ASSOCIÉS 
               
               
                1945 en France, dès le rapatriement des 
                  déportés survivants du camps d'Auschwitz, 2500 
                  hommes et femmes, tout juste de retour dans leurs foyers, créent 
                  l' Amicale 
                  des Déportés d’Auschwitz et des Camps de Haute-Silésie afin 
                  que l'on n'oublie jamais que 97 % des déportés 
                  français sont morts dans le camp d'extermination dans 
                  des conditions inimaginables. Les déportés rassemblés 
                  en Amicale, dont Pierre Johnson faisait partie, veulent apporter 
                  leur témoignage aux nouvelles générations 
                  avec l'espoir de préserver l'avenir. Cette initiative 
                  ne sera pas du goût de tout le monde et en particulier 
                  du gouvernement français en place après la guerre.  
                 
                  
                     
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                       | 
                      Extrait de la cession du 24 janvier 1955 à l'Assemblée 
                        Nationale : 
                        " Madame Rabaté demande à Monsieur 
                        le ministre de l'Intérieur : 
                        1° - en vertu de quels textes Monsieur le préfet 
                        de la Seine a été amené, en date 
                        du 31 décembre 1953, à décider "d'inviter 
                        les maires des arrondissements de Paris à refuser 
                        désormais toute concession de salles" aux 
                        amicales de déportés politiques (d'Auschwitz, 
                        Birkenau et des camps de Haute-Silisie), 16 rue Leroux, 
                        sous prétexte que, lors de réunions intérieures 
                        de ces association, "des discours à caractère 
                        politique" auraient été prononcés, 
                        comme s'il est possible aux associations d'anciens déportés 
                        de ne pas être amenées à traiter de 
                        problèmes qui s'imposent aux préoccupations 
                        de tous les Français et plus particulièrement 
                        aux anciens déportés et internés 
                        et aux familles des disparus ; 
                        2° - Quelles mesures il envisage pour que soit rapportée 
                        la mesure prise par Monsieur le préfet de la Seine." | 
                     
                   
                  En 1958, Pierre Johnson lance un appel pour créer 
                    une association regroupant les compagnons rescapés 
                    du convoi du 27 avril 1944. L'année suivante Pierre 
                    Johnson et Léon Hoebecke créent "l'Amical 
                    des Déportés Tatoués du 27 avril 1944" 
                    le 25 avril 1959, réunissant 88 compagnons. 
                   
                
Dans chaque pays touché par la déportation 
                    et l'extermination de ses compatriotes, de nombreuses associations 
                    à la mémoire d'Auschwitz ont vu le jour, et 
                    c'est tant mieux, car la mémoire est faite pour être 
                    perdue. Chaque association créée, chaque livre 
                    publié, chaque témoignage de déporté 
                    toujours en vie aujourd'hui préserve encore un peu 
                    la paix fragile retrouvée. Hélas, depuis plus 
                    de 70 ans que les camps sont libérés, les déportés 
                    disparaissent peu à peu, Pierre Johnson est mort en 
                    1996, la plupart de ses compagnons ne sont plus là 
                    pour témoigner, il faut être vigilant afin que 
                    ces associations ne finissent pas instrumentalisées. 
                 
               
                
               MÉMOIRE 
                MUSÉE  
               
                En Pologne, d'anciens détenus Polonais organisent la 
                  "Préservation Permanente du Camp d’Auschwitz" 
                  14 juin 1947 : présentation d'une première exposition 
                  à laquelle assiste 50 000 personnes essentiellement des 
                  Polonais, mais également des délégations de l’ambassade 
                  de Grande-Bretagne, de Tchécoslovaquie et de France 
                  2 juillet 1947 : le Parlement Polonais décide de faire d'Auschwitz 
                  un musée à la mémoire des victimes sur 191 hectares : 20 hectares 
                  sur le site d'Auschwitz-Stammlager et 171 hectares sur le site 
                  d'Auschwitz-Birkenau 
               
              
                 
                  |  
                       
                      Gallery 
                      Auschwitz-Birkenau-Museum  
                   | 
                   
                     1960 : chaque pays concerné par la déportation 
                      à Auschwitz organise une "exposition nationale" 
                      1967 : inauguration d'un mémorial 
                      international avec 21 dalles portant la même inscription 
                      en relief dans la langue du pays d'origine. 
                     
                      « Que ce lieu où les 
                        nazis ont assassiné un million et demi d'hommes, de femmes 
                        et d'enfants, en majorité des Juifs de divers pays d'Europe, 
                        soit à jamais pour l'humanité un cri de désespoir et un 
                        avertissement.  
                        Auschwitz-Birkenau 1940-1945 » 
                     
                    1979 : Auschwitz-Birkenau fait partie du patrimoine mondial 
                      de l'UNESCO. 
                      1999 : le musée s'appelle "Musée d'État 
                      d'Auschwitz-Birkenau à Oswiecim" 
                    Si les premières décennies furent conflictuelles 
                      entre politiques et religieux, à propos de l'aménagement 
                      du lieu historique, aujourd'hui le site d'Auschwitz propose 
                      à la fois la découverte universelle du camp par des 
                      visites guidées mais également des expositions 
                      permanentes, conférences, projections filmées entre 
                      autres.  
                    Site internet Auschwitz-Birkenau mémorial 
                      and museum : http://auschwitz.org/ 
                     
                   | 
                 
               
                
              ANTI-MÉMOIRE 
               
                NÉGATIONISME : « Les camps d'extermination n'ont 
                  jamais existé » 
                  Dès le lendemain de la Libération des groupements 
                  d'extrême droite et d'extrême gauche, des nostalgiques 
                  des thèses nazies, échafaudent des théories 
                  visant à nier la réalité des exterminations 
                  par chambre à gaz. Ces thèses seront de surcroît 
                  soutenues jusqu'en 1980, par des professeurs d'université, 
                  qui, sans rencontrer d'opposition, les diffusent auprès 
                  des étudiants, en particulier à l'université 
                  de Lyon. 
                Dossier mis en ligne par l'Académie de 
                  Reims : 
                  La 
                  nécessité d'affirmer la véracité et la singularité du génocide 
                  perpétré par les nazis face aux négationnistes. 
                 
               
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